Vingt ans d'expérience dans l'outillage horloger

En deux décennies, VOH est passé de simple distributeur de matériel de base à fabricant d’équipements de production adaptés et d’appareils de contrôle innovants. Résolument tournée vers l’avenir, l’entreprise de Courtelary dévoilera, à l’EPHJ, une potence aux aiguilles révolutionnaire avec intelligence embarquée.

L’horlogerie suisse, c’est quelques centaines de marques connues ou plus confidentielles, historiques ou plus récentes, indépendantes ou appartenant à de grands groupes, qui toutes rivalisent d’ingéniosité pour mettre en valeur leurs produits. Voilà pour l’avant-scène. Derrière, dans les coulisses, c’est un ensemble de petites et moyennes entreprises, fournisseurs et sous-traitants, qui mettent tout en œuvre pour faciliter le travail des horlogers. Ces dernières sont moins visibles, mais pas moins performantes, et pas moins tournées vers l’innovation. Elles composent le tissu industriel qui fait la richesse de la Suisse. Parmi elles: VOH, Vaucher Outillage Horloger. Une société installée à Courtelary qui fête cette année son vingtième anniversaire. Elle est dirigée par Richard Vaucher, un entepreneur plus que dynamique qui pilote également la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP).

Que de chemin parcouru de 1995 à aujour-d’hui! Le modeste comptoir de distribution d’outillage à usage professionnel s’est transformé en PME dynamique employant quelque 55 collaborateurs, dont 11 dans le seul département Recherche et Développement. Une évolution qui est due à de multiples facteurs, mais qui tient avant tout à la personnalité de son directeur, horloger de formation et mécanicien dans l’âme. Dans un premier temps, comme il le raconte lui-même, Richard Vaucher est parti du constat suivant: «Quand j’ai repris cette affaire, je me suis rendu compte assez rapidement qu’il fallait amener de la valeur ajoutée à l’activité de base, que je ne pouvais pas me contenter d’être un distributeur parmi des dizaines d’autres.

Il s’est ensuite inspiré de ses expériences personnelles et professionnelles: «J’ai travaillé durant plusieurs années au sein de grandes manufactures, notamment au SAV, dans les laboratoires horlogers et l’assurance qualité. J’ai constaté par moi-même quelles étaient les demandes en la matière. Et comme je suis inventeur dans l’âme, j’ai toujours cherché à améliorer les trucs et les bidules qui ne fonctionnaient pas assez bien à mon goût. Voilà comment les choses ont évolué… Une fois à mon compte, j’ai mis en pratique ces idées. Je me suis rapidement entouré d’ingénieurs et de techniciens pour les conceptualiser», explique le patron de VOH.

Intégration verticale
Au fil des ans, Richard Vaucher s’est également attaché à verticaliser son entreprise au maximum. Pourquoi? «Toutes les manières de faire sont pertinentes. Mais en ce qui me concerne, j’ai toujours préféré conserver la main sur les processus de fabrication. D’une part, cela vous évite de dépendre des sous-traitants. D’autre part, cela vous permet d’assurer au mieux les contôles de qualité tout au long de la chaîne de production. C’est un défi primordial dans notre activité», souligne le patron, qui complète son argumentation en ces termes: «Prenez l’ensemble des manufactures horlogères suisses. Aujourd’hui, elles ont atteint un niveau d’intégration industriel et humain extrêmement élevé. Qu’il s’agisse de fabriquer une montre en plastique vendue à 80 francs ou une série limitée à plusieurs centaines de milliers de francs, les standards de qualité sont exceptionnels. Elles se doivent par conséquent d’utiliser les équipements les mieux adaptés pour assurer la perfection des opérations. C’est le rôle d’une entreprise comme la nôtre de leur offrir une assistance optimale.»

Mieux encore. Si VOH est désormais une authentique manufacture, concevant et fabricant des produits originaux, elle propose également des équipements industriels complets et des solutions personnalisées aux clients qui en font la demande: «Je vous parlais précédemment de valeur ajoutée. A mon sens, c’est précisément cela qui explique notre croissance et notre succès. Nous ne nous contentons pas de suivre le mouvement. Nous nous efforçons au contraire de l’anticiper. Nous réfléchissons à l’avenir, toujours en collaboration étroite avec nos clients», explique Richard Vaucher.

Potence de la dernière génération
Justement, à propos de futur, quels sont les domaines dans lesquels VOH envisage des innovations? «Je ne vais pas vous dévoiler tous nos secrets, poursuit l’entrepreneur. Cela dit, il y a encore des progrès à faire, notamment dans la maîtrise des forces de chassage, des torsions, des déplacements. Ce que je vous dis là ne paraît pas très spectaculaire, mais il s’agit de problèmes clés lorsqu’on assemble une montre. Je vois également des développements possibles en matière de métrologie de pointe, sans oublier bien entendu la gestion de l’électronique et tout ce qui concerne l’interface homme-machine.» Pour illustrer son propos, Richard Vaucher cite l’exemple de l’objet «révolutionnaire» qu’il s’apprête à dévoiler à Genève dans le cadre du salon de la sous-traitance EPHJ/EPMT/SMT. Celui-ci a été baptisé PAViX. De quoi s’agit-il? D’une potence aux aiguilles de la dernière génération, autrement dit assistée électroniquement. Oui, l’intelligence embarquée concerne aussi ce type d’appareils! Lequel va bientôt permettre à son opérateur de gérer des séries d’aiguilles très différentes sans être obligé de changer d’outil. Ingénieux!

Evidemment, cette manière de travailler, ces investissements réguliers dans les infrastructures, dans le recrutement de personnel de pointe, et ce souci constant d’innovation ont un coût important. On peut donc imaginer que lorsque la conjoncture s’enrhume et que le franc suisse prend l’ascenseur, cela peut poser un problème à une entreprise comme VOH. Quand bien même cette dernière ne réalise que 10% de son chiffre d’affaires à l’exportation. Cette réalité ne semble pas inquiéter outre mesure Richard Vaucher: «Oui, bien sûr, gérer une telle entreprise n’est pas facile tous les jours. Mais nous avons fait des choix et nous nous y tenons. Pour prendre l’exemple de ce début d’année 2015, nous avons décidé de ne pas modifier notre politique commerciale. En revanche, nous nous efforçons d’en offrir plus pour le même prix. C’est comme cela que j’aime travailler», conclut en souriant le patron de VOH.

13.5.2015