Czapek & Cie, renaissance d'une légende

Tout d’abord associé à Antoine Norbert de Patek, un compatriote polonais également installé en Suisse, puis volant de ses propres ailes, François Czapek, horloger natif de Bohême en 1811, laisse dans l’Histoire une trace méconnue. En 1850, Czapek & Cie était le synonyme du prestige et du raffinement. Ses précieux garde-temps sont rares, ils sont prisés par la noblesse d’alors, dont notamment l’empereur Napoléon III qui le nomme horloger de la Cour Impériale. Ils sont encore recherchés aujourd’hui par les grands collectionneurs.

En 2013, trois entrepreneurs, convaincus de se trouver face à un monument historique, décident d’orchestrer la résurgence du nom Czapek. Ils engagent un historien de renom et, tout en sachant que ce travail de mémoire continuera de rythmer chaque étape de leur développement, retrouvent la trace de garde-temps vendus dans les ventes aux enchères. Plus leurs recherches avancent, plus leur humilité et leur détermination grandissent. Leur premier acte fondateur sera de constituer Czapek & Cie, une société anonyme respectueusement fidèle au nom de l’entité créée par François Czapek le 1^er mai 1845.

La marque Czapek Genève revit donc officiellement à compter du 10 novembre dernier, face aux médias invités à l’horloge fleurie, deuxième symbole genevois le plus visité après le jet d’eau. Le voile est levé sur Quai des Bergues, une première famille de six modèles qui perpétuent le style Czapek et s’inscrivent sans équivoque dans le segment de la haute horlogerie. Car à l’évidence, en relisant le passé, l’orlogeur, non content de maîtriser la science de la chronométrie, savait donner à ses garde-temps une aura esthétique particulière.

En observant la montre de poche réf. n°3430 fabriquée par François Czapek à Genève vers 1850, les trois associés, Harry Guhl, Xavier de Roquemaurel ainsi qu’un horloger émérite, sont fascinés par l’élégance pure qui se dégage d’indéniables traits identitaires: l’altier étirement des chiffres romains, la finesse d’exécution des aiguilles forgées et surtout l’inhabituel positionnement de deux compteurs, l’un à 4h30, l’autre à 7h30.

En souvenir du lieu où se trouvait l’atelier de François Czapek, la première collection a été baptisée Quai des Bergues. Elle met en résonance, sur le mode de la citation des sources, les savoirs horlogers de cotraitants réputés. Côté financement, outre la récolte d’un montant en provenance d’investisseurs privés, ils ont commencé par vendre à leurs cercles d’intimes le Czapek Design Study Chronograph, un chronographe habité par un calibre historique, le C73 datant de 1971. Ils ont ainsi financé la recherche du design, le développement d’un calibre propriétaire de haute facture, ainsi que les premières préséries. Puis ils ont opté pour le «crowd funding equity», un mode de financement participatif afin de permettre à tous les amoureux des grades-temps de devenir actionnaires et de participer ainsi au développement de la marque.

30.11.2015