L'art de mettre en valeur les produits horlogers

Fabriquer la plus belle montre du monde, c’est une chose. Encore faut-il la vendre. Et pour la vendre, il faut la mettre en valeur le mieux possible, dans un environnement adapté et cohérent. Telle est la mission de Packaging & Design, entreprise familiale qui regroupe quatre sociétés distinctes.

Si vous vous intéressez aux montres, si vous en avez acheté une ces dernières années, il y a de fortes chances que celle-ci ait d’abord été mise en valeur en vitrine sur un présentoir conçu par Packaging & Design, puis présentée par l’horloger sur un plateau fabriqué par le même groupe, et enfin vendue dans un écrin dessiné au sein de la maison. L’entreprise n’est évidemment pas la seule à régater sur le marché en question, mais elle en est un des leaders.

Quatre entités distinctes
Packaging & Design est composée de quatre entités qui, dans leur domaine, sont toutes dédiées à la mise en valeur des produits de luxe, dans l’horlogerie avant tout, mais également dans la joaillerie-bijouterie, le champagne et les spiritueux, les instruments d’écriture et les briquets, la téléphonie mobile, la parfumerie et les instruments de précision. Le groupe emploie au total quelque 200 collaborateurs, répartis dans les cantons de Fribourg, Vaud et Neuchâtel.

Dans le détail, Packaging & Design, qui réalise un chiffre d’affaires global de quelque 100 millions de francs par année, se décompose comme suit. Commençons par Gainerie Moderne, société fondée en 1960 et située à Givisiez (FR), qui est à l’origine du groupe. Elle abrite le siège principal de la holding et se charge du développement, de la mise au point et du prototypage de l’ensemble des produits: écrins, coffrets, matériel de vitrine et de merchandising. Elle s’occupe également d’une partie de la production des produits cités (10%).

Quant à l’autre partie, majoritaire (90%), elle est fabriquée en Thaïlande par Cosmo Group, son partenaire quasi exclusif depuis 1967. Partenaire qui, soit dit en passant, est régulièrement et volontairement audité par des sociétés de surveilllance agréées. Il agit par conséquent dans le respect des principes légaux, sociaux et environnementaux en vigueur dans le pays.

La plus ancienne des sociétés du groupe, c’est Huguenin-Sandoz. Cette dernière existe en effet depuis 1923. Installée à Colombier (NE), elle est spécialisée dans le découpage, la galvanoplastie, le polissage, la sérigraphie et la peinture. Elle est réputée pour son savoir-faire en matière de fabrication de pièces métalliques, en particulier les plaquettes gravées, les lettres et les logos découpés.

Quant à RS Agencement Steiner, localisée à Bussigny (VD), elle emploie essentiellement des ébénistes, des menuisiers, des dessinateurs, des planificateurs et des poseurs dévolus à la conception et l’installation d’agencements intérieurs. Que cela soit pour les particuliers, les collectivités publiques ou les entreprises.

Enfin, Pozzo di Borgo Styling (ou P-0220 Styling), entreprise intégrée en 2000, est l’agence de création, de graphisme et de design du groupe. Elle est installée à Territet (VD). Comme son activité le laisse penser, elle se charge de proposer aux clients diverses alternatives de design pour les emballages, le matériel de vitrine et de merchandising, sans oublier l’aménagement de boutiques et de stands. C’est également dans ses locaux que l’on peut admirer une bonne partie des objets réalisés ces quinze dernières années pour les clients horlogers.

Impressionnant et instructif: plus d’une décennie de coffrets, d’écrins et de présentoirs témoignent de l’évolution des goûts et des tendances dans la branche. A ce propos justement, on peut constater que l’époque actuelle est plutôt au design classique et sobre, pour ne pas dire un peu plan-plan... «C’est vrai, explique Pascal Pozzo di Borgo, le patron des lieux. On a connu des périodes où la fantaisie était plus marquée. Aujourd’hui, les marques se cantonnent à des objets plutôt conventionnels. Quand nous organisons des réunions pour dévoiler nos projets devant les clients, nous nous efforçons toujours de proposer plusieurs variantes, dont certaines sortant de l’ordinaire. Mais c’est systématiquement les plus classiques qui sont adoptées. C’est comme ça! D’autre part, les horlogers ont tendance à se copier les uns et les autres. C’est pour cette raison que tous les écrins et les vitrines ont tendance à se ressembler. Il y a une vingtaine d’années, toutes les marques de luxe voulaient du cuir. Maintenant, elles ne jurent que par le bois», conclut le designer, qui plaide pour un regain d’audace dans le domaine.

«Si je vous dit cela, ce n’est pas pour me plaindre, poursuit Pascal Pozzo di Borgo. Après tout, le client est roi. C’est simplement pour leur rappeler que nous sommes capables, nous les créatifs, de proposer beaucoup d’autres choses. Je constate par exemple que, dans le domaine du champagne et des spiritueux, on s’autorise des choses plus décalées, plus farfelues même. Il est vrai que, dans ce segment, la présentation et le packaging comptent beaucoup plus dans l’acte d’achat que dans l’horlogerie.»

Il y a donc du travail à faire pour le groupe Packaging & Design qui, à l’avenir, entend poursuivre la diversification de ses activités. Aux yeux de ses principaux responsables, dont Jacques Renevey, président du conseil d’administration, il y a encore des nouveaux marchés à conquérir: «Dans les années 1960, quand mon père a décidé de développer son entreprise, c’était précisément pour accompagner les demandes de ses clients. A l’époque, certains horlogers commençaient seulement à personnaliser leurs écrins. C’est dire l’évolution que nous avons connue! Prenez le secteur des spiritueux: ils ne sont venus aux beaux écrins que récemment. Même tendance du côté des parfumeurs et de certains fabricants de téléphones mobiles, qui cherchent aujourd’hui à développer des contenants originaux pour des séries spéciales», explique-t-il.

Propos auxquels font écho ceux de Pascal Pozzo di Borgo: «Je vois également une tendance nouvelle dans la conception des coffrets et des écrins. Désormais, on imagine pour ces objets une deuxième vie. Une fois arrivés chez le client final, ils sont détournés de leur utilisation initiale. Ils deviennent des éléments de décoration à part entière. Enfin, j’estime que le temps est venu de mener une réflexion globale sur l’aménagement des vitrines, qui sont presque toutes les mêmes dans le monde entier. Là, nous avons de quoi mettre notre créativité à l’épreuve», conclut-il.

21.5.2015