Jaquet Droz rend hommage à l'histoire et aux artisans

Au 18ème siècle, les Jaquet Droz étaient des précurseurs dans le domaine de la décoration de grand luxe. Aujourd’hui encore, la marque excelle dans la décoration et la finition de ses garde-temps.

Pionniers dans leurs domaines, les Jaquet Droz ornaient montres de poche, urnes, tabatières, cages à oiseaux ou autres objets luxueux de riches décorations avec de l’émail agrémenté de paillons, de peintures sur émail, de gravures ou encore de sculptures. Ces touches artisanales, témoins d’un grand savoir-faire, ont contribué au succès et à la renommée des Jaquet Droz. C’est bien plus tard que les émailleurs de l’époque prirent le relais. Aujourd’hui encore, ces spécialités se retrouvent sur certaines pièces d’exception de la collection perpétuant ainsi la tradition et rendant hommage aux artisans d’autrefois.

Au cœur de la manufacture chaux-de-fonnière réside un atelier où la magie rime avec la précision, la concentration avec la beauté des objets qui en ressortent. Un atelier pas comme les autres où juste quelques personnes, toutes spécialisées dans leurs domaines spécifiques, réunissent leur savoir-faire pour donner vie à des pièces d’exception, parfois uniques. Au sein de cet antre, les seuls bruits audibles sont ceux d’un petit marteau utilisé par le sculpteur sur métal qui martèle une figurine afin de lui donner corps et relief. En silence, le dessinateur sur émail se concentre sur le motif qu’il reproduit avec une exactitude et une finesse incomparables. L’émailleuse, de son côté, s’affaire à rechercher les bonnes couleurs de poudres qui orneront un futur cadran.

Différentes techniques artisanales

Les artisans de Jaquet Droz maîtrisent différentes techniques artisanales, comme l’émail grand feu, la peinture sur émail, la sculpture ou encore la technique du paillonné.

Savoir-faire de longue date dans la maison, l’émail grand feu allie méthodes de fabrication traditionnelles et technologie de dernières générations. Les cadraniers ont fait face aux évolutions des garde-temps et de leurs contraintes techniques. Ils maîtrisent aujourd’hui parfaitement la fabrication d’un cadran au plat et à la forme irréprochables. Jouant avec la finesse des poudres et la précision des fours, ils sont les seuls à connaître la formule donnant naissance à ces cadrans à la couleur et au grain absolument uniques. L’émail grand feu est un signe distinctif des montres Jaquet Droz depuis le 18ème siècle et est aujourd’hui réinterprété dans les collections contemporaines.

Réalisé entièrement à la main, œil posé sur le microscope, les dessinateurs sur émail font preuve d’une grande concentration. En petites séries ou pièce unique, les motifs sont reproduits avec une grande minutie. Il faut généralement compter une semaine de travail pour la réalisation d’une seule pièce.

Sur fond de cadrans en nacre ou en onyx, de mini sculptures ornent également les cadrans. Les motifs moulés, sculptés, peints ou laissés naturels enjolivent ensuite les cadrans en leur donnant du relief. Comme pour les autres techniques, cet art décoratif nécessite une attention toute particulière des artisans où aucun geste malencontreux n’est permis.

Jaquet Droz a redonné vie à un art autrefois disparu, le paillonné. Infimes motifs ou paillettes découpés dans des feuilles d’or ou d’argent, les paillons sont déposés minutieusement sur un fond émaillé et ensuite recouverts par le fondant translucide de l’émail. Portée au rang d’art au 18ème siècle, cette technique fait partie intégrante des savoir-faire ancestraux de la maison.

Atelier de restauration

Depuis deux ans, l’atelier d’art Jaquet Droz a été renforcé par un espace dédié à la restauration. Les pièces anciennes y sont démontées, nettoyées et rénovées. Les mouvements subissent également un démontage complet… il faut parfois même refaire manuellement certaines pièces défectueuses, introuvables sur le marché vu leur ancienneté.

L’atelier de restauration a par exemple redonné vie à une montre de poche, signée Jaquet Droz et baptisée Museum, qui a été entièrement imaginée autour d’un mouvement original datant du 18ème siècle et dont l’habillage avait disparu. Retrouvé chez un particulier, ce calibre antique à échappement à roue de rencontre - également dit à verge - est un classique de l’horlogerie. Remontant au 13ème siècle, ce type d’échappement a régné sur l’univers de l’horlogerie jusqu’au milieu du 19ème siècle. Le travail de restauration du mouvement a nécessité six mois de travail. Peintres sur émail, graveurs et sertisseurs ont ensuite conçu un nouvel habillage fusionnant les références de l’horlogerie de l’époque aux codes de la montre à châtelaine et ceux propres à la marque. Le trèfle à quatre feuilles, signature secrète de Jaquet Droz, est combiné aux indicateurs en chiffres romains (pour les heures) et arabes (pour les minutes) sur le cadran. Peint à la main et terminé au compas, celui-ci est parcouru par deux aiguilles aux courbes féminines. Réalisées à la main en acier poli et bleuies à la flamme, ces aiguilles embrassent le signe de la fleur de lys. Taillé dans de l’or 18 carats suivant la formule d’époque, le boîtier a été orné de rubis et de perles selon les techniques joaillières en cours au 18ème siècle, tandis que son verso a été minutieusement décoré. Un fond émaillé bleu, qui aura nécessité de nombreuses heures de travail avant d’arriver à un bleu parfaitement lisse et uniforme, des paillons d’or qui s’ajoutent avec délicatesse et un fond guilloché, donnent à cette montre de poche ses lettres de noblesse.

Cadrans en matières minérales

Il ne faut bien sûr pas oublier que Jaquet Droz est maître dans la fabrication de cadran en matières minérales. Roches, cristaux et pierres diverses inspirent les créations de la marque depuis de longues dates. Taillées dans des matières frustes à l’état brut, les pierres naturelles se révèlent fascinantes une fois travaillées. Ainsi habillées, les montres Jaquet Droz deviennent naturellement uniques. Quelques exemples de minéraux couramment travaillé par la marque: la bronzite, pierre aux teintes multiples, affichant des paillettes aux couleurs de terre qui se révèlent au polissage; le jaspe impérial, composé de teintes douces et onctueuses - jaunes, roses, vertes, oranges et même bleues - se bousculant pour capter l’attention. Citons encore le lapis lazuli, la pierre la plus prisée des mondes antiques. Des Egyptiens aux Incas, en passant par les Sumériens, les premières civilisations ont été fascinées par la vibration tonique de sa couleur. Assemblage de particules d’un bleu intense et de traces de blanc et de doré, il fut le pigment le plus précieux de la Renaissance. Les fragments d’astéroïdes sont également utilisés comme base de cadran. Composés de fer et de nickel, ils révèlent des motifs d’aiguilles, entrelacs de structures changeantes et de géométrie insolites. Minéral vivant, fruit d’une lente croissance, affichant des reflets chatoyants, la nacre revêt couramment les cadrans. Pierre noire parmi les pierres noires, l’onyx a la teinte des tréfonds de la terre. Et pourtant, il brille. Sa surface, lisse et uniforme, renvoie la lumière au lieu de l’engloutir. Fruit d’une erreur de manipulation, citons encore l’aventurine. Au début du 17ème siècle, un maître verrier de Murano fit tomber de la poussière métallique dans la pâte de verre en fusion. Une fois refroidi, le verre présentait un éclat pailleté et mystérieux. De ce geste fortuit est né ce verre ornemental largement utilisé en horlogerie. La liste n’est bien sûr pas exhaustive tant la nature est généreuse et l’inspiration de l’artisan infinie.

12.2.2015