L'horlogerie suisse candidate à l'UNESCO

Le 22 octobre, le Conseil fédéral a approuvé une liste indicative des huit traditions suisses, issues de la «Liste des traditions vivantes en Suisse» publiée en 2012, et qui seront candidates pour inscription au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Aux côtés de la gestion du risque d’avalanches, du design graphique et typographique suisse, de la saison d’alpage ou du carnaval de Bâle, les savoir-faire de mécanique horlogère seront proposés au Comité du patrimoine immatériel de l’UNESCO.

Dans la catégorie des savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel, l’horlogerie s’insère aujourd’hui en Suisse dans une réalité moderne et industrielle de dimension mondiale. Mais elle implique aussi des savoir-faire de nature presque exclusivement manuelle - métiers d’angleur, pivoteur, polisseur, cadranier, décalqueur, poseur d’appliques, spécialiste en étampes et maître horloger - qui constituent le socle premier de l’horlogerie en tant que pratique patrimoniale. Cette dynamique est particulièrement visible dans le domaine de la fabrication d’automates et de boîtes à musique à Sainte-Croix, qui a conservé sa dimension d’artisanat d’art, suscitant une grande fierté des habitants du lieu quant à ce patrimoine. Ceux-ci évoquent ainsi «l’esprit de Sainte-Croix» comme marque d’un respect du travail artisanal. Cette candidature mettra en lumière le rôle de la formation horlogère et de la dextérité humaine encore indispensable à l’innovation et à la précision technique. On relève par ailleurs que si ces savoir-faire ont en premier lieu une fonction économique, ils ont aussi façonné l’urbanisme et la réalité sociale quotidienne des régions concernées et véhiculent une symbolique propre, associant des notions de précision, de raffinement mécanique et de temporalité qui ont des conséquences notables sur la définition des identités locales et régionales.

Les candidatures suisses seront établies en partenariat avec les praticiens concernés. Elles pourront être déposées en mars de chaque année dans l'optique d'une inscription à l'automne de l'année suivante. En principe, seule une candidature nationale pourra être présentée à chaque cycle d'inscription, et ce à partir de 2015.

Avec la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, l'UNESCO permet de thématiser et de protéger un capital qui ne s'inscrit pas essentiellement dans la pierre et dans l'espace, mais dans le temps, les pratiques communautaires et les interactions sociales. Ce patrimoine englobe des traditions vivantes comme les expressions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances relatives à la nature et à l'univers et les savoir-faire artisanaux. Il témoigne ainsi de toute la diversité culturelle et de la créativité humaine.

31.10.2014