Un nouvel écrin pour fêter nonante ans d’existence

La société Fehr et Cie a vécu, le 1er septembre dernier, un moment doublement festif de son histoire: l’inauguration de sa nouvelle manufacture dédiée à la production de cadrans et la célébration de ses nonantes premières années d’existence.

Après neuf mois de conception et douze mois de travaux, l’inauguration du nouveau bâtiment a eu lieu en présence des représentants de la clientèle et des fournisseurs, ainsi que de tous les partenaires du projet. Le nouvel écrin, situé au Crêt-du-Locle, s’étend sur 6’000 m2. Un terrain adjacent a également été acquis en vue d’une possible extension.

Fondée en 1924 à La Chaux-de-Fonds par Arnold Fehr, la société Fehr et Cie a réussi l’exploit, au fil des décennies, de traverser guerre et crises sans jamais tomber dans le giron de grands groupes horlogers. Résolument indépendante et solidement ancrée dans les Montagnes neuchâteloises, l’entreprise a longtemps fonctionné sur le mode de la discrétion. L’habileté, la connaissance du métier et son approche intimiste de la clientèle ont été sa marque de fabrique la plus appréciée. Elle produit à ce jour quelque 200’000 cadrans par an pour les plus grandes marques horlogères, certaines étant clientes de très longue date.

Jusqu’au début de l’été dernier, Fehr et Cie et Technofrap (rachetée par Fehr et Cie) étaient établies sur trois sites de production en ville de La Chaux-de-Fonds. Elles ont décidé de réunir toutes leurs activités et leur centaine de collaborateurs dans un nouveau bâtiment à la mesure de leurs ambitions et des attentes de leurs clients respectifs.

Le regroupement de la production en un lieu unique représente un choix stratégique important dans l’histoire de l’entreprise. D’une architecture résolument contemporaine et adaptée à ses besoins, l’organisation intérieure du nouveau bâtiment reflète cette stratégie, en réunissant, autour d’un cœur logistique, toutes les activités inhérentes à la réalisation des cadrans. Au cœur d’espaces résolument modernes, des machines du dernier cri cohabitent avec celles d’autrefois - guillocheuses, frappes - qui témoignent à la fois de la longue et riche expérience de la maison, comme de son besoin d’être à la pointe de la technologie afin de servir au mieux ses clients.

Ce projet d’envergure permettra à Fehr et Cie d’optimiser ses processus de production, d’améliorer sa performance et de pérenniser sa croissance. La nouvelle manufacture se présente comme un signal fort: le cadranier marque non seulement sa volonté d’indépendance, mais réaffirme sa capacité à se projeter dans l’avenir en se dotant d’un cadre de production exceptionnel.

Au cours de ce long parcours de nonante ans, relevons encore un chapitre qui mérite attention car peu courant dans le monde horloger d’autrefois: la firme a été dirigée, depuis les années 40, par deux femmes. En 1942, Arnold Fehr, fondateur, perd son fils André qui collaborait activement à la vie de l’entreprise. Le sort s’acharne sur la famille car, un an plus tard, Arnold meurt à son tour. La maison, ainsi décapitée, doit trouver immédiatement une solution. La veuve d’Arnold, Hélène, assure la succession dans un premier temps. Elle se rend rapidement compte que la solution n’est pas optimale et elle décide de faire appel à sa belle-fille, veuve d’André, qui connaît bien l’intérieur du monde horloger puisqu’elle est régleuse. Nelly Fehr accepte de reprendre le flambeau. Elle fera preuve de force et de courage pour maîtriser les nombreuses facettes de sa nouvelle fonction et s’affirmer dans ce monde plutôt masculin. Elle restera dix-neuf ans à la tête de l’entreprise.   

18.9.2014